De quoi te souviens-tu lors de ton premier séjour ?
J’étais bébé, je ne me souviens de rien ! Mais j’ai un album photo, j’y jette un coup d’œil de temps en temps. C’est quelque chose qui est gravé en moi, ça fait partie de ma vie.

Et lors du second ?
Je me rappelle du jour où je suis arrivé. J’ai beaucoup pleuré et je disais « Je veux voir ma maman ! ». Je ne parlais pas bien français mais je savais dire ça.
Les jours passaient et je me demandais quand j’allais pouvoir retourner à la maison. Et puis un jour j’ai demandé à Jillie, ma maman d’accueil, « C’est quoi une famille d’accueil ? ». Elle m’a expliqué et je me suis senti rassuré. Après quelques semaines, j’ai commencé à m’habituer à la famille et leurs enfants. Le jour de mon départ j’étais triste. Je pensais beaucoup à mes parents au Niger mais je savais que ma famille d’accueil allait beaucoup me manquer.
Kamer et le Professeur Leca en 2006
Qu’as-tu fait tu entre 2006 et 2017 ?
J’ai étudié à l’école. Parfois, pendant les vacances, je suis parti au village chez mes cousins touaregs. J’ai aussi appris à jouer de la guitare.
Comment te sentais-tu physiquement avant ton retour en 2018 ?
Même après l’opération de 2006 je n’étais pas guéri à 100%. Je savais qu’aux alentours de mes 18 ans il me resterait une dernière opération. La fatigue et les essoufflements se sont un peu amplifiés à partir de mes 16 ans.
J’aimais beaucoup le sport, le foot, le fitness et je rêvais d’être musclé alors ça me faisait très mal de voir mes amis à l’école qui pouvaient faire des efforts physiques alors que moi je ne pouvais pas. J’étais très découragé et j’ai beaucoup prié Dieu de me donner un jour la force de pouvoir courir. Et voilà qu’en 2017, au moment où je devais faire mes examens cardiaques pour les envoyer en France, l’équipe de Mécénat est arrivée au Niger et m’a reçu en consultation.
Comment te sens tu maintenant que tu as eu ta » dernière chirurgie » ?
Je me sens beaucoup mieux qu’avant ! C’est un miracle, c’est comme si mes prières avaient été exhaussées. Je suis très reconnaissant de tout ce que Mécénat Chirurgie Cardiaque a fait pour moi, je ne les remercierai jamais assez.

Qu’as-tu pensé de Paris lors de ton dernier séjour ?
Le premier jour j’ai eu l’impression d’être dans un monde différent, notamment à cause des constructions, du mode de vie des gens, de la technologie… Ce qui m’a le plus surpris c’est les lycéens en grêve qui mettaient le bazar dans leurs écoles. Moi je trouvais ça bizarre. Ils devraient être reconnaissants du niveau d’éducation et du matériel dont ils disposent. Au Niger on rêve d’étudier en France et d’avoir les mêmes lycées et universités qu’eux. C’est une chance qu’ils ont !
Quels sont tes projets maintenant que tu as la vie devant toi ?
Passer mon bac ! Je souhaiterais étudier le droit, en occident parce que les conditions y sont plus favorables.
Sinon, maintenant que je suis guéri, j’aimerai juste profiter de faire ce dont j’ai été privé pendant toute ma vie, c’est tout.
Kamer et sa 3ème famille d’accueil